Quant à l'État Pontifical, il présente évidemment un cas très
spécial puisque ses institutions sont appelées à gouverner et à administrer
simultanément une ville et un État territorial entourant la ville de Rome
mais aussi à assurer le gouvernement de l'Église dans le monde.
Ici, la source de tout pouvoir est apparemment un homme, le
pape. Mais la réalité est moins simple. En effet, à cause de l'âge auquel un
prélat parvient au trône de saint Pierre, la durée moyenne d'un pontificat,
au XVIe siècle, est assez brève. De 1492 à 1605, dix‑huit papes ont occupé
le trône de Pierre, soit un peu plus de 6 ans et 3 mois en moyenne. Les
pontificats de Pie III en 1503, Marcel II en 1555, et les 3 pontificats
successifs d'Urbain VII, Grégoire XIV et Innocent IX, de 1590 à 1592, n'ont
duré que quelques semaines ou quelques mois, le plus long du siècle étant
celui de Paul III, de 1534 à 1549. Pour un pape de très humble origine,
comme Sixte‑Quint, petit porcher de village, il y eut plusieurs pontifes
issus des plus grandes familles italiennes, ce qui suppose de grandes
possibilités de pression politique et sociale. Toutefois, il est évident
qu'il ne pouvait être question pour chaque pape de renouveler complètement
le personnel des congrégations, des grands services, des tribunaux et des
services de la ville. Ce personnel a fait donc preuve d'une certaine
continuité de direction même si la personne du secrétaire d'État, souvent un
cardinal‑neveu à cette époque, donnait un caractère particulier à chaque
administration.
LES PAPES DU XVIe SIÈCLE
)
1492‑1503) Alexandre VI (Rodrigue Borgia)
1503 (25 jours) Pie III (Antoine‑F. Todeschini‑Piccolomini
1503‑1513) Jules II (Julien de La Rovère
1513‑1522 ) Léon X (Jean de Médicis)
1522‑1523) Adrien VI (Adrien Florisse ‑ d'Utrecht ‑)
1523‑1534) Clément VII (Jules de Médicis
1534‑1549) Paul III (Alexandre Farnèse
1550‑1555) Jules III (Jean‑Marie De] Monte
1555 (21 jours) Marcel II (Marcel Servini)
1555‑1559) Paul IV (Jean‑Pierre Carafa
1559‑1565) Pie IV (Jean‑Ange Medici
1566‑1572) Pie V (Michel Ghisleri
1572‑1585 ) Grégoire XIII (Ugo Buoncompagni
1585‑1590) Sixte‑Quint (Félix Peretti)
1590 (13 jours) Urbain VII (Jean‑Baptiste Castagna
1590‑1591) Grégoire XIV (Nicolas Sfondratti
1591 (2 mois) ) Innocent IX (Jean‑Ant. Facchinetti
1592‑1605) Clément VIII (Hippolyte Aldobrandini
Les congrégations étaient les organismes les plus
importants. Composées de cardinaux et de spécialistes, elles étaient
chargées de proposer au pontife les décisions à prendre dans tous les
domaines. Voici les plus notables : Rites (liturgie et canonisations) ‑
Inquisition ‑ Pour la création de nouvelles églises ‑ Annone
(ravitaillement). D'autres furent particulières au XVIe siècle ou apparurent
à cette époque : pour la construction de Saint‑Pierre (1523); pour
l'exécution et l'interprétation du concile de Trente; pour la conversion des
infidèles (1568). Bien entendu, certaines de ces congrégations, par leurs
décisions, ont influé sur la vie du monde catholique tout entier. On peut en
dire autant de certains tribunaux : celui de la Pénitencerie qui statuait
sur les cas litigieux en matière
théologique ou morale; celui de la Rote qui jugeait
les procès à la fois religieux et civils. Et de grands services : la Daterie
qui concédait les bénéfices ecclésiastiques et vendait les offices; la
Chambre apostolique qui gérait les finances de toute l'Église; la
Chancellerie qui préparait, rédigeait et envoyait les lettres apostoliques.
A côté de ces organes de gouvernement à l'échelle du
monde chrétien les services qui administraient l'État pontifical et Rome
même pâlissent : le gouverneur de la ville était le chef de la justice;
chargé du maintien de l'ordre il disposait pour cela de la Garde pontificale
et des milices. Six légats dirigeaient les six circonscriptions de l'État :
Bologne, la Marche d'Ancône, la Romagne, l'Ombrie, le Patrimoine, la
Campagne Romaine. Quant aux magistrats élus, vestiges de l'autonomie
ancienne, ils ne jouaient plus qu'un faible rôle au XVIe siècle.
L'action de l'État pontifical au plan international
ne pouvait pas exactement se confondre avec celle des autres États. Cela
même au début du XVIe siècle alors que les papes, par leurs intrigues et
leur faste, tendaient à se confondre avec les autres souverains temporels.
|