Le malheureux roi parut près de succomber à ses
chagrins. Consumé de langueur, il se refusait à toute diversion. Charles
craignit de perdre la rançon qu'il convoitait. L'intérêt le fit recourir à
de tardives apparences d'humanité. Il visita enfin François Ier
dans sa prison. Celui-ci, en le
voyant entrer, s'écria douloureusement : « Venez-vous
voir mourir votre prisonnier ? » - « Je
viens, lui répondit Charles, pour aider mon frère et mon ami à recouvrer la
liberté. » Mais il soutint mal dans la suite de la conférence ce
ton de générosité.
Heureusement l'aimable
Marguerite, duchesse d'Alençon et depuis reine de Navarre, s'était rendue à
Madrid pour consoler son frère. Elle obtint d'entrer dans sa prison et le
sauva de son désespoir. On croit qu'elle habitua le roi à une idée qui lui
avait d'abord inspiré le comble de l'horreur, celle de faire comme
prisonnier des promesses qu'il ne tiendrait pas comme roi.
L a France avait craint un moment de voir
renaître tous les désastres qui suivirent la captivité du roi
Jean, mais le peuple fut sauvé de l'anarchie par son
amour pour un roi malheureux. La duchesse d'Angoulême, régente du
royaume, tint les rênes du gouvernement avec adresse et fermeté. Guise et
Montmorency la secondèrent par leur courage. Les parlements, quoique
François I er eût réprimé leur orgueil, montrèrent une honorable
fidélité.
il s'écria : « Je suis encore
roi ! » lorsqu'il mit le pied sur le territoire de France, il se
croyait dégagé d'un serment imposé par un cruel abus de la victoire.